Aujourd’hui je vise un “trailhead” qui est décrit sur FarOut comme un bon lieu pour bivouaquer à proximité d’Anaconda.
Comme ça demain il ne me restera qu’environ sept miles, soit un Nero, pour ensuite profiter de la modernité urbaine.
La première partie du chemin est une belle, large et suffisamment ombragée poste forestière qui longe un petit torrent, pas de problème se gestion de l’eau.
La deuxième partie déjà en plaine, le petit torrent se perd dans un marais, l’eau devient rare.
Je compte me ravitailler auprès d’une famille de Trail Angel. Pas de chance ils ne sont pas là et il n’y a pas de robinet à l’extérieur où prendre de l’eau.
Il me reste que quelques gorgées pour atteindre un pont sur une “creek” deux milles plus loin, juste de quoi m’humecter la gorge.
Tant bien que mal j’atteins le pont sous lequel coule une belle rivière avec un bon débit, qui serpente entre des étangs. Une famille de canard y barbote et j’entends les poissons sauter pour attraper leurs repas.
C’est là que je vais faire une grosse pause déjeuner, à l’ombre d’un panneau d’information.
Il ne me reste que moins de quatre miles jusqu’au “trailhead” pour la dernière partie qui est sur une route, sans ombre, sans bas-côtés et très circulante.
Pas terrible !
Enfin mon bivouac en vue, j’ai survécu à la route.
En fait de bon lieu de bivouac c’est un parking plein de graviers et les abords sont en plein chantier.
Pas moyen de rester là !
Du coup pas de Nero, je fais du stop et je ferai un Zéro.
Mon conducteur, après m’avoir offert un soda à la station service me dépose à l’Hostel d’Anaconda qui a bonne réputation.
l’Office est fermé il faut les contacter par téléphone ou réserver sur leur site.
Mon téléphone ne marchant toujours pas aux USA et pas moyen de trouver de Wifi gratuit car les magasins sont fermés me voilà bien embêté.
J’interpelle un homme qui sorts de sa voiture qui accepte de me prêter son téléphone.
Bien sûr entre la distorsion de la voix au téléphone et la rapidité du débit je ne comprends pas ce que me dit le femme au bout du fil, je le lui dit et elle raccroche.
L’homme rappelle pour voir, personne ne décroche.
J’attends dix minutes, l’homme qui m’a aidé ressort de chez lui prendre des nouvelles.
Tant bien que mal je lui explique que j’ai besoin de wifi pour réserver
Il me dit “Ok” pendant que qu’une jeune femme sort de l’Hostel et me hèle.
Elle avait raccroché pour venir en personne m’accueillir alors que le dimanche l’office est fermé.
Aujourd’hui je vais quitter la route principale pour rejoindre le raccourci d’Anaconda.
C’est une variante officielle qui permet à ceux qui veulent gagner du temps de gagner quatre-vingt dix milles mais surtout d’éviter les crêtes qui font le tour d’Anaconda où il n’y a pas beaucoup de point d’eau.
Il faut pour faire les crêtes se charger d’eau comme un mulet !
Seuls les puristes “Red or Dead” ne prennent pas ce raccourci.
Ceci étant dit ce matin j’ai un peu mal au genou mais rien qui ne m’empêche d’avancer d’ailleurs j’arrive à maintenir, sans les pauses, une moyenne de près de deux milles et demi par heure ce qui est pas mal.
Par contre j’ai besoin de pause régulière pour reposer mes genoux.
Au bout d’une demi-heure, je croise Tabby qui a fait un “dry cowboy camp” et manque d’eau pour démarrer la journée.
J’avais pris deux litres ce matin, après réflexion je pense qu’un litre sera juste mais suffisant jusqu’au prochain point d’eau. Je lui laisse donc un litre.
La matinée est comme hier sous couvert des arbres, mais dès l’après-midi ce sont des prairies avec quelques bosquets.
C’est à ce moment-là que je ne regrette pas d’avoir pris un parapluie/ombrelle.
Premier point de bivouac atteint sur le Cutoff, j’ai fait dix-neuf miles et il est dix-huit heures.
Deux options, je campe tôt et je profite de la fin d’après-midi ou je fais trois miles et demi de plus et je me couche tard.
Finalement pour une fois que j’aurai du temps je choisi de m’arrêter là.
En attaquant le chemin se matin je me rends soudain compte que cela fait déjà un mois que j’ai attaqué ce peuple à travers les USA.
Ce premier mois vu pas franchement une réussi avec tous les pépins de santé que j’ai eu, j’ai pris plein de zéro et sauté quelques étapes.
Mais bon j’attaque ce deuxième mois confiant, j’espère que tous ces tracas sont maintenant derrière moi.
John m’emmène de bon matin aussi lion que possible à une déviation, le chemin principal étant fermé pour travaux forestiers anti incendie.
Du coup comme j’avais planifié un stop jusqu’au début de la déviation je viens de gagner quelques heures, je vais pouvoir aller plus loin aujourd’hui.
Equipé de genouillères mais sans ibuprofène, je veux voir si je peux m’en passer, j’attaque le sentier qui est une piste forestière en plein travaux, ce sont de gros engins qui vont et qui viennent.
Assez rapidement je prends les comprimés d’ibuprofènes prescrit, j’ai quand même mal au genou. C’est efficace, après quelque temps je n’ai plus mal et j’avance rapidement.
Il fait très chaud dès dix heures mais comme le chemin quitte la piste pour s’engouffrer dans les bois, l’ombre et le petit vent rendent le tout supportable.
L’eau reste quand même un élément crucial, manque de bol je ne trouve pas une source hors sentier sur laquelle je comptais.
Du coup je dois me rationner et je vais prendre une variante qui passe en vallée où il y a une source dans la descente et la rivière au fond.
La variante est un vrai chemin mais pas entretenu depuis un moment, résultat des arbres morts en veux-tu en voilà en travers du sentier. Ça me ralenti pas mal.
Le bivouac du soir est à mosquito-land, il y a un lac a moins d’un mile.
A part me reposer et faire mes courses pour la suite du chemin il n’y à pas grand chose à raconter si ce n’est que la boulangerie préférée de mes hôtes est ouverte et qu’il font, incroyable mais vrais, du pain comme en France ! MIAM.
J’avais pensé partir jeudi matin mais comme j’ai envie un peu mal au genou je partirai plutôt vendredi.
Du coup je revois John jeudi qui propose de m’emmener jusqu’au chemin vendredi de très bonne heure.
Teri et John sont partis et m’ont laissé la maison pour moi seul, quelle confiance !
John revient jeudi et Teri après mon départ.
Je leur dit adieu, en espérant les voir sur Paris, ils ont prévu de venir en France dans deux ans.
Aujourd’hui Leeloo et Stitch passent en ville, Leeloo doit récupérer un colis dans un dépôt UPS.
On a prévu de ce voir en ville, rendez-vous et donné a mi-chemin entre mon logement chez Teri et John et le dépôt UPS.
Pour faire le chemin en pouce (dixit Leeloo) de Lincoln à Helena Leeloo et Stitch sont prises, c’est assez incroyable, par la même équipe de bûcheron qui m’avait emmené en ville.
Le temps passe vite, il me faut faire mes courses pour le repas du soir et de demain et quitter Leeloo et Stitch qui partent en pouce pour la ville d’Eliston où elles vont camper.
Je propose pour les remercier de leur accueil de leur cuisiner un repas français.
Après mûre réflexion et compte tenu des difficultés à obtenir les bons ingrédients j’opte pour une soupe à l’oignon, un gratin dauphinois et un poulet rôti aux herbes.
Pour l’apéro je prépare même si ce n’est pas français un caviar d’aubergine et du houmous.
Après avoir fait les courses Teri et John m’emmènent dans la campagne observer les animaux des plaines.
Je passe l’après-midi aux fourneaux.
Teri et John me disent qu’ils se régalent, je suis content de leur avoir offert se plaisir culinaire
Ce matin j’ai pris contact avec l’assurance santé prise pour mon voyage dans l’idée d’aller chez le médecin.
Une fois mon dossier ouvert direction l’hôpital au bâtiment “Urgent Care” (qui ne sont pas les “Emergency”).
Consultation faite, radios faite il me reste plus qu’à recevoir le diagnostic.
Je commence par la mauvaise nouvelle, je viens de découvrir que j’ai de l’arthrose au genou gauche.
La bonne nouvelle c’est qu’avec quelques jours de repos avec de la glace et de la crème anti-inflammatoire je vais pouvoir reprendre la randonnée avec une genouillère et de l’ibuprofène quatre fois par jour pour juguler la douleur.
Comme hier départ de nuit pour la fraîcheur et le plaisir du lever de soleil.
Le plan pour la journée c’est quatorze miles jusqu’à une source à dix minutes hors sentier en contrebas de la route qui passe par le Flecher Pass, puis dix autres miles jusqu’à une seconde source et un bivouac à proximité.
Je démarre par une bonne côte avec un assez bon rythme.
Je tiens ce bon rythme une bonne moitié de la matinée, malgré les gros coups de fatigue et les minis sieste d’une dizaine de minutes dont j’ai besoin pour repartir.
Je me demande si en fait au lieu du manque de sommeil je ne fais pas d’hypoglycémie de réaction car il me semble que ça m’arrive à chaque fois une demi-heure après avoir avalé mon premier puis second petit déjeuner qui sont beaucoup trop sucrés ! Je n’ai pas encore trouvé de petit déjeuner qui me convienne.
A part ces coups de mou, me genou gauche me fait toujours mal et de le milieu de la matinée mon rythme en descente puis sur “plat” s’en ressent.
Résultat je boucle les quatorze miles en neuf heures trente au lieu de sept heures.
Une grosse heure de repos et il est temps de finir la journée.
Un Hiker au point d’eau me file de l’ibuprofène (en quantité) contre le douleur, ça semble marcher.
Dilemme si j’y vais avec mon genou boiteux il va me falloir plus de cinq heures, je vais arriver tard et surtout demain j’ai vingt miles à faire sans eau.
À un demi-litre par heure il me faut cinq litres, mais sûrement plus si je boîte. Je risque si la douleur augmente de ne pas pouvoir y arriver et d’être obligé d’appeler les secours !
Mais comme avec l’ibuprofène je n’ai plus mal j’ai bien envie d’y aller.
J’y vais, j’y vais pas… j’y vais, j’y vais pas…
Finalement je vais jouer la sécurité à tenter un stop jusqu’à Helena.
Une bonne demi-heure plus tard je suis pris par un groupe de “Lumberjack” de retour du travail. Sympas les gars me proposent de partager leur déjeuner.
Il me dépose à un motel pas cher où j’arrive a obtenir le mot de passe du wifi ce qui me permet de me mettre en contact avec Barbara qui m’avait proposée de m’héberger en ville.
Malheureusement elle à déjà un invité mais grâce à son réseau elle me trouve un hébergement chez des amis qui apprennent la français.
Me voilà accueilli par Teri, John et Parler leur chien.
J’y passe une délicieuse soirée.
Les photos du jour
Mes amis bucherons Teri, John et Parler mes hôtes francophiles.
Pour éviter la chaleur ce matin c’est réveil à trois heures départ à quatre et quart.
C’est ma première randonnée nocturne sur le CDT.
Le chemin suit maintenant les crêtes du Continental Divide résultat quasiment pas d’ombre et pas d’eau.
Je pars donc avec trois litres pour faire les douze mille jusqu’au prochain point d’eau.
Grosse pause à l’ombre et c’est reparti pour les derniers six miles.
Le soleil cogne dur mais ce n’est plus la canicule, il fait 22°C à l’ombre.
A la moitié des six miles, surprise ! Une yourte laissée ouverte à l’usage des randonneurs.
Les lits de camp me font de l’oeil, j’ai bien envie de rester.
Je suis sur le point de céder quand je fais une dernière vérification sur FarOut.
Oups la grosse boulette que j’allais faire.
Pour des raisons de gestion de l’eau je doit demain faire vingt-trois miles et demi à partir du parking situé à trois miles demi soit vingt-sept miles, c’est beaucoup trop.
Je file donc au parking pour y bivouaquer.
En dehors du bruit des véhicules, que j’oublie vite, le lieu est parfait pour y bivouaquer. Eau fraîche, toilettes, poubelle, terrain quasi plat et coffre anti-ours.
S’installe mon campement, j’ai fini quand une jeune femme qui revient à sa voiture me propose, avec un air désolé, une bière tiède.
Mon premier Trail Magic !
J’accepte et la rassure car le temps de préparer mon repas, mise dans l’eau du torrent elle aura le temps d’être fraîche.