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Category: CDT

Égaré

Égaré

J54 samedi 10 août

Aujourd’hui je prends le « Mack’s Inn Cut Off Alternate » qui me permet de me rendre en ville à Island Park.

Le chemin se compose de trois parties.

Cinq miles assez facile sur la « Red Line » (chemin officiel), puis cinq miles sur la »Blue Line » (chemin alternatif officiel) plus difficile à travers un marais mais les commentaires sur FarOut disent qu’en fait c’est facile et pour finir dix miles de poste carrossable pour arriver en ville.

J’ai bien fait de partir tôt car de matin je traîne un peu, il va me faut une bonne heure pour arriver à prendre un bon rythme.

Le méteo ressemble à celle d’hier avec l’arrivée du tonnerre vers dix heures.

À la jonction Blue/Red Line j’attaque la variante assez rapidement j’arrive au niveau du mais avec une rivière peu large, mais trop pour sauter par dessus, et très profonde au niveau du chemin.

Je trouve en longeant la berge un passage moins profond.

Hop, je mets mes chaussures de « river crossing » pour garder mes chaussures et chaussettes de randonnée bien au sec.

De l’autre côté c’est un ensemble de buisson très dense qui souvent me dépasse.

Je trouve après un petit moment un espace sans buisson où je peux remettre mes chaussures de randonnée.

Après c’est la cata !

Pas moyen de retrouver le sentier.

J’ai beau utiliser FarOut et me guider avec la géolocalisation jamais je ne trouverai le chemin.

Je décide alors de sortir comme je peux, c’est-à-dire avec difficultés, de ce labyrinthe de buissons.

Je m’oriente autant que possible sur la gauche pour atteindre les hauteurs et surtout enfin sortir du marais.

En fait le chemin n’est pas sur la ligne bleue de FarOut mais plus à l’écart sur les hauteurs hors du marais.

Il m’aura fallu près d’une demi-heure pour faire deux-cents mètres !

Une fois sortie de cette galère le chemin est facile à suivre jusqu’à près du col où il disparaît.

Je me dirige à peu près dans la bonne direction.

Évidemment je m’écarte du chemin que j’ai de nouveau du mal à retrouver, le terrain étant très accidenté, et en plus il commence à pleuvoir.

Une fois le chemin retrouvé, encore une fois, c’est facilement que je rejoins la piste carrossable.

J’ai décidé pour ne pas arriver trop tard (et en plus ce n’est pas super agréable) de faire du stop si une voiture passe.

A peine arrivé sur la piste sur deux voitures garées là lancent leurs moteurs, je tends le pouce et c’est mon stop le plus rapide jamais fait.

Je passerai bien une nuit dans un bon lit mais à Mack’s Inn c’est bien trop cher.

Mon chauffeur me propose de m’emmener jusqu’à West Yellowstone où il y a pas mal de motel qui d’après lui sont abordables.

En fait le monde cher est à  120$ la nuit, à partager avec d’autres Hiker ça irai mais voilà je suis seul.

Du coup c’est retour en stop à Mack’s Inn où je pourrais camper pour 35$ la nuit.

J’ai encore de la chance avec le stop, il me faut moins de dix minutes pour être pris.

Les photos du jour.

Drôle de temps

Drôle de temps

J53 vendredi 09 août

Cette nuit s’est mieux passée que la précédente et comme j’étais fatiguée je me suis autorisé une heure de sommeil supplémentaire.

Réveil à cinq heures.

Encore une journée « facile », j’ai l’impression que les gros dénivelés sont derrière moi.

Enfin reste à voir comment sont les crêtes du Colorado.

La matinée commence par un franc soleil.

Rapidement quelques nuages élevés voilent le soleil.

Puis des nuages plus bas et plus épais cachent le soleil.

Ces nuages laissent le soleil apparaître de nouveau puis ils se reforment (ou bien c’en est d’autres).

Il fait alors à peine dix-sept degré celsius.

Je vois sous ces nuages à divers endroits des rideaux de pluie.

Vers seize heures, grondement de tonnerre.

L’orage semble être dans la vallée de l’autre côté de la crête.

Je ne suis quand même pas rassurée d’autant qu’une partie du chemin est sur les crêtes.

Il va tonner pendant une heure et puis plus rien.

Finalement je n’aurai eu que quelques petites gouttes de pluie sur toute la journée. 🤞

Dix-huit heures trente j’arrive en bas de la dernière descente, il me reste une dernière montée pour atteindre le point d’eau et encore trois dixième de miles pour le bivouac.

Le replat avant le montée est une piste carrossable, une voiture aménagée y est garée.

On est vendredi, un Trail Magic ?

Non c’est juste un chasseur qui s’installe ce weekend pour faire du repérage avant la saison de la chasse.

Le coin est splendide et comme il me propose les deux litres d’eau dont j’ai besoin pour le bivouac je décide de rester sur place.

Pour une fois que j’installe mon bivouac de bonne heure ! 😁

Sachant que je suis français il m’offre le fond de sa bouteille de vin, il y reste un verre.

Ça tombe bien, pour une fois j’ai trouvé du cheddar vieux (24 mois) qui a vraiment du goût !

Du vin que j’ai trouvé vraiment bon, un bon morceau de fromage et un magnifique coucher de soleil !

Après ça je ne me demande plus ce que je fout là.

Les photos du jour

Une très mauvaise nuit

Une très mauvaise nuit

J52 jeudi 08 août

Cette nuit vers minuit je me réveille mon matelas à plat !

Je me dis que j’ai du mal le boucher, je le regonfle.

Illico il se dégonfle.

Là c’est la merde !

Pendant près d’une demi-heure je cherche à localiser la fuite.

Je commence à me dire que je vais finir le nuit sans matelas et que demain au premier lac j’essaierai de répéter les bulles provenant de la fuite.

Allez, un dernier essaie !

Et je trouve la fuite.

Heureusement que j’ai racheté un kit de réparation de matelas après avoir utilisé celui vendu avec le matelas.

Une fois la fuite réparée il est temps de se rendormir…

Sans succès, le stress me maintient éveillé pendant deux heures.

Pour le départ à cinq heures c’est raté.

Mon réveil a beau sonner, passe moyen de quitter ma courtepointe.

La journée est belle, la piste plutôt facile mais fatigue aidant je m’arrête souvent et quelques fois je fais même une rapide petite sieste.

Du coup j’arrive tard au bivouac que j’avais prévu.

C’est un bivouac de luxe avec eau fraîche tout près, toilette, table et boîte à ours.

Les photos du jour

Petite journée de reprise

Petite journée de reprise

J51 mercredi 07 août

Ce matin je retourne sur le sentier, j’embarque dans la voiture d’une Trail Angel qui quatre fois par jour pendant la saison du CDT fait la navette de Lima au croisement autoroute-CDT.

Il est un peu moins de dix heures quand je commence à marcher, plutôt à boitiller.

J’avale de l’ibuprofène pour calmer la douleur et l’inflammation.

Une demi-heure plus tard, j’ai déjà beaucoup moins mal et je commence à avoir un bon rythme.

Ils faut dire que le chemin est plutôt facile, il monte lentement par une « gravel road » puis par un bon sentier.

Par contre il n’y a pas d’ombre et quasiment pas de vent, heureusement que j’ai mon parapluie/ombrelle

Pour le fin de journée, c’est un peu plus difficile car je termine par une descente bien raide qui bien heureusement n’est pas trop longue.

C’est un beau bivouac mais avec de l’eau pas facile à aller chercher, il faut aller loin le long de la « creek »pour trouver assez d’eau.

A la nuit tombante mon bivouac est envahi de vache à moitié sauvage.

Les photos du jour.

Renoncement

Renoncement

J50 mardi 06 août

Dernier jour de glace et de repos, demain je repart (avec ou sans douleur au genou) pour soixante-dix miles soit trois/quatre jours avant la prochaine zone civilisée.

Cinquante jours, c’est un tiers du temps prévu pour mon périple, c’est aussi le temps d’un premier bilan.

Je commence à faire le deuil d’un Thru Hike du CDT.

J’ai déjà plein de trous dans la continuité du chemin et si je n’arrive pas à augmenter mon rythme à au moins vingt-cinq miles par jour, ce qui est loin d’être gagné avec mon genou douloureux, je vais encore prendre du retard sur la bulle SoBo.

Je devrai alors pour ne pas arriver trop tard sur les crêtes du Colorado, qui tournent autour des 4000m, de nouveau sauter des parties du CDT.

C’est d’autant plus difficile d’accepter cette nouvelle condition, qu’au niveau souffle et endurance je sens que je peux tenir le rythme et voir même un peu plus.

Mais voilà je ne rajeunis pas.

Peut être que j’essayerai de refaire le CDT en Thru Hike, après avoir vu un bon rhumatologue pour avoir un traitement (médicamenteux et/ou chirurgical) adapté.

En attendant je vais me contenter de profiter du voyage sans autres objectifs que de parcourir au moins en partie chaque section emblématique du CDT, de profiter des paysages, d’observer les animaux dans leur milieu sauvage (j’espère voir des loups, des lions des montagnes, des chèvres des montagnes…), de faire de belles rencontres et pourquoi pas de nouvelles amitiés (Leeloo et Stitch, Terry, John et Parker 🥰).

Même si en ce moment je me sens un peu triste je sais qu’une fois la situation acceptée émotionnellement je serai heureux d’être de nouveau sur le sentier.

Les photos du jour.

Un petit aperçu de la « grosse » ville de Lima.

Chaussures

Chaussures

J49 lundi 05 août

Encore un jour de glace et de repos.

Mon genou me fait beaucoup moins mal, j’arrive à marcher sans trop boitiller et sans grimacer.

Encore un jour ou deux et ça devrait être bon.

C’est aujourd’hui que je récupère mes nouvelles chaussures au bureau de poste.

Il était temps, elles sont tellement abîmées que je ramassai un tas de petits cailloux et de débris végétaux et en plus elles commençaient à ne plus très bien être solidaire des pieds.

Les photos du jour.

Ice and Rest

Ice and Rest

J48 dimanche 04 août

Aujourd’hui c’est mon premier jour de récupération.

J’ai très mal au genou, je peux à peine m’appuyer sur ma jambe gauche.

Le programme du jour c’est glace un maximum et repos allongé le plus possible.

Je pense rester deux ou trois jours pour calmer l’inflammation et réduire l’œdème un maximum. Voir plus si cela est nécessaire.

Un gros orage avec un vent violent traverse la région, finalement je suis mieux au Bunkhouse (gîte) que sur la piste !

La « ville » à un très bon steakhouse, j’aurai bien aimé y diner mais malheureusement toute les tables sont réservées.

Du coup je me rabat sur une bonne pizza servie au bar du steakhouse, pas besoin de réservation pour le bar, et pour faire bonne mesure je prends un Bloody Mary (merci Renaud) version américaine.

Les photos du jour.

Ben y en à pas !

Une grosse frayeur et un coup de bol.

Une grosse frayeur et un coup de bol.

J47 samedi 03 août

Lever à quatre heures car j’ai une longue journée de dix-neuf miles pour rejoindre le Lemhi Pass avec seulement un point d’eau au bout de douze mille.

Si jamais je vois que je ne peux pas faire les dix-neuf miles je pourrai m’arrêter à ce point d’eau.

En partant de bonne heure je vais pouvoir faire la partie la plus dure à la fraîche. Ensuite ce sera une ligne de crête avec des pentes plutôt douces sauf à l’arrivée au col où là la descente est plus raide.

Au col je vais essayer d’attraper une voiture pour descendre à Tendoy pour ensuite rejoindre Lima m’attend me nouvelle paire de chaussure.

J’arrive au point d’eau vers midi, c’est plutôt bon comme rythme, il me reste sept miles pour le col.

Je décide de continuer.

Si je garde ce rythme je devrais pouvoir y arriver vers seize heures ce qui me laisse le possibilité qu’une voiture me prennent en stop.

Le col, même si c’est une « gravel road » est assez fréquenté, il y a un mémorial en l’honneur des autochtones qui ont aidé l’expédition Lewis and Clark.

Seize heures, j’attaque la descente sur le col, mon genou est bien douloureux.

Et me…, pas de voiture sur le parking !

Je suis à deux cents mettre du col et à dix centimètres d’appeler les secours quand deux voitures passent le col, et reme… !

Et en plus je me fais une grosse frayeur !

Dix centimètres, c’est la distance entre mon pied et le crotale que je viens de réveiller !

Finalement j’atteins le col quand une des deux voitures revient dans l’autre sens, je tends le pouce et il s’arrêtent.

Jim et Valérie qui rentre sur Dillon me proposent de faire un détour pour le déposer à Lima.

J’ai vraiment de la chance, non seulement je n’ai même pas attendu pour faire du stop mais en plus je suis déposé directement là où je souhaitais me rendre sans étapes intermédiaires.

Les photos du jour.

Un mystère résolu

Un mystère résolu

J46 vendredi 02 août

Bon espérons que ce coup-ci la petite journée d’hier me permette d’avoir moins mal et de plus avancer.

Au début de cette étape je visais le Bannock Pass à sept jours de marche (près de 140 miles) mais avec mon genou je revois mes prétentions à la baisse.

Je vais essayer d’atteindre le Lemhi Pass plus près de vingt-cinq miles.

Il me reste trente-six miles pour l’atteindre et j’ai trois jours de nourriture.

Si j’arrive à tenir le rythme je vise un point de bivouac à dix-sept miles pour aujourd’hui, il y a « peu » de dénivelé et les pentes (du moins sur la carte) semblent plus douces.

De fait, j’avance plutôt pas mal jusqu’au début d’après-midi.

Après la fatigue, la chaleur et mon genou douloureux me font ralentir.

Malgré tout j’arrive vers dix-huit heures trente à mon bivouac.

Il me reste encore un peu de marche, sans sac à dos pour chercher de l’eau en contrebas du col.

Cela fait plusieurs jours que j’entends par moment un gros bourdonnement (comme ce que pourrait faire un gros scarabée) sans arriver à en identifier les auteurs.

Pour collecter l’eau à la source je m’étonne au milieu des mousses et des fleurs, c’est un peu humide mais pas désagréable, quand j’entends de nouveau ce gros bourdonnement.

J’en aperçois enfin l’auteur qui se dirige vers moi et là je ne m’y attendais pas du tout.

Ce n’est pas un insecte mais un colibri !

Bien sûr je n’ai pas pu le prendre en photo, quand il m’a vu il est parti au loin.

Les photos du jour.

Grasse mat et petite journée.

Grasse mat et petite journée.

J45 jeudi 01 août

Hier soir je suis arrivé au bivouac exténué. J’ai décidé de m’accorder une grasse matinée, pas de réveil ce matin !

Du coup je me réveille vers six heures trente et comme c’est jour de flemme je traîne au chaud sous ma courtepointe jusqu’à sept heures.

J’espère que cela suffira pour que mon genou aille mieux.

Bon, ben ça n’a pas suffi j’ai encore bien mal, surtout en descente.

Du coup je vais faire une petite journée, moins de dix miles pour m’arrêter à un point de bivouac décrit sur FarOut comme idyllique.

J’y arrive en début d’après-midi, si il n’est pas idyllique s’en ai pas loin.

Une zone plate à l’ombre pour installer la tente,  des arbres où l’on peut facilement suspendre sa nourriture et une rivière avec des gros trous d’eau pour se baigner (mais pas pour moi, je n’aime vraiment pas l’eau froide !).

A partir de ce point j’aurai pu continuer quelques miles, le sentier suis la rivière quasiment à plat mais le bivouac est super et j’ai besoin de retirer mon genou.

Les photos du jour.